Plus de revenus grâce à la diversification
La savane brésilienne (le Cerrado) n’est cultivée que depuis peu. L’Etat fédéral du Mato Grosso est, à ce jour, le plus important producteur agricole du pays.
Les exploitants agricoles ont dû faire face à de nombreuses difficultés comme des sols pauvres en éléments nutritifs. Il a fallu améliorer la valeur pH au moyen de chaulage et augmenter la teneur en phosphore et en potassium. Ces investissements étaient la condition sine qua non pour assurer la productivité des sols et garantir la viabilité des exploitations agricoles.
L’axe du temps montre l’évolution des rendements céréaliers dans la région. (III. 1).
Le système agricole actuel se compose de cultures successives comme soja + maïs et/ou soja + coton pour la seconde récolte – plus de 60% des surfaces agricoles de l’Etat sont actuellement exploitées de cette façon.Le développement agricole dans ces régions a conduit vers des procédés de production de plus en plus complexes et une exploitation intensive des surfaces cultivables (III. 2). La réduction des cycles de culture, notamment pour le soja, le maïs et le coton en combinaison avec un semis du soja à la mi-septembre et début janvier ont permis une exploitation optimale de la période de végétation.
Une culture deux fois par an a soulevé de nombreuses questions encore peu considérées par les scientifiques jusque-là. Car les travaux de recherche portent, en règle générale, sur une seule culture isolée et non sur une culture en corrélation avec d’autres sur une année de végétation. L’intensification a favorisé la pousse de mauvaises herbes, la présence d’insectes nuisibles, de nématodes et de maladies. Puis la résistance à certains produits s’est installée. Dans ce contexte, de nombreux essais ont été réalisés au Mato Grosso sur une période assez longue.
La fondation MT a décidé en 2008 de démarrer une série de tests afin de pouvoir étudier les conséquences des différents systèmes de cultures, rotations successives ou monoculture – le soja figurant comme culture principale dans le but d’examiner l’incidence de la chronologie des cultures sur le rendement et sur la fertilité du sol. Cet essai sur le long terme est pratiqué dans des conditions réelles sur des surfaces agricoles expérimentales appartenant à la fondation. Ces surfaces agricoles se trouvent sur la Cachoeira Farm (17° 09' S, 54° 45' O et altitude : 490 m) à proximité de l’autoroute BR-163 proche de Itiquira. Le sol est très argileux. Pendant plus de 30 ans, il a été enrichi en nutriments minéraux et en chaux. Pour cette raison, il est considéré comme un sol fertile. Les huit variantes agricoles de l’essai sont décrites dans le tableau n°1 et couvrent les domaines suivants : successions différentes de cultures, combinaison avec des cultures dérobées, rotations culturales et monocultures.
Pendant ces onze années de tests, de nombreuses observations essentielles ont pu être faites. La quantité de paille générée entre les procédés est clairement plus élevée lors des rotations de cultures et des cultures successives (III.4.). En ce qui concerne les cultures successives, il est important de prendre en compte les différentes sortes de paille générées et l’enracinement des différentes variétés – toutes exploitent le profil du sol à leur manière.
Le rendement du soja, culture principale de l’essai, est impacté par les différents procédés de production. Une productivité qui n’a cessé d’augmenter au cours des dernières années. La croissance du niveau de production de tous ces procédés durant les trois dernières périodes de végétation s’explique par l’utilisation de variétés à haut rendement commercialisées depuis peu sur le marché brésilien. Cette période de test a montré que le rendement moyen des cultures successives ou en rotation est clairement plus élevé que le rendement des monocultures.
Sur une période de six récoltes (2008/2009 à 2013/2014), la gestion différenciée n’a eu aucun impact sur la productivité. Des résultats contrastés sont apparus à partir de la récolte 2014/2015. La raison principale en était un stress hydrique en combinaison avec une variété de soja extrêmement précoce. Cela montre le pouvoir tampon des sols argileux disposant d’un bon apport nutritif comme c’est le cas sur l’exploitation expérimentale de la fondation MT. Le message pour le monde agricole est le suivant : il faut persévérer avec le système de semis direct – les bons résultats ne surviennent pas tout de suite dès la première récolte, mais au fil des années, une fois que le système a trouvé son équilibre.
Pour l’instant aucune hausse de rendement significative n’a pu être constatée sur la production de soja en monoculture par rapport au soja produit en rotation culturale. Néanmoins, des analyses plus approfondies vont être effectuées. L’objectif étant de déterminer dans quelle mesure les variantes de cultures successives peuvent contribuer à améliorer la biologie du sol. Le graphique III.6 montre comment la formation d’humus peut modifier la fertilité des sols, notamment des sols tropicaux.
III.6. Analyse de la surface du sol, couche de 0 à 10 cm pour soja / jachère, soja, maïs et soja / système de cultures successives. Avec le temps et avec le développement de différentes sortes et quantités de résidus végétaux à la surface du sol, la terre noircit. La teneur en matière organique dans cette couche de 0 à 10 cm à la surface du sol pour les trois méthodes de production est de respectivement 3,2%, 3,8% et 4%.
Lors de cet essai, des analyses microbilogiques ont été réalisées dans le but de pouvoir ventiler les enzymes du sol avec plus de précision, car celle-ci ont un impact sur les cycles de carbone, de soufre et de phosphore. De cette manière il a été possible d’élaborer des indicateurs déterminant la qualité biologique des sols. Les procédés de production, générant davantage de résidus végétaux, impliquent une activité biologique accrue.
Ces paramètres indiquent la quantité de paille nécessaire aux sols tropicaux pour activer l’ensemble du potentiel biologique. Certains systèmes agraires ont montré que l’activité biologique était huit fois plus élevée pour les procédés d’exploitation générant une quantité importante de résidus végétaux que pour les monocultures de soja. Ces résultats seront intégrés dans les analyses routinières réalisées par les laboratoires spécialisés dans la recherche sur les sols et seront bientôt mis à la disposition des agriculteurs. Le but étant de collecter des données microbiologiques sur différents types de sol de différentes exploitations.
Conclusion :
En résumé, on peut dire qu’après onze années de tests effectués sur huit différents systèmes de gestion dans l’Etat fédéral du Mato Grosso, que la productivité du soja est étroitement liée à la méthode de production utilisée. Là où davantage de couverts végétaux étaient présents, le rendement du soja était plus élevée. Le rendement du soja dans les systèmes où l'on cultive une plus grande variété d'espèces reste similaire aux systèmes monoculturaux. Cependant des valeurs d’activité microbiologique plus élevées peuvent être relevées dans le sol. Cela illustre bien dans quelle mesure il est utile de conserver la production de céréales et ainsi un système d’exploitation produisant des résidus végétaux plus importants. En conséquence directe, la teneur en humus dans le sol est accrue.
Dans la mesure où il s’agit d’un essai sur le long terme, la fondation MT poursuivra les tests encore quelques années afin d’approfondir les connaissances sur l’impact des systèmes d’exploitation sur la productivité du soja. De nouvelles analyses, notamment sur le piégeage du carbone, suivront sous peu. L’objectif étant de mieux cerner l’impact de la diversification des cultures. Le but recherché est de rendre l’agriculture dans son ensemble, mais tout particulièrement les systèmes de production dans la savane, plus durables.