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Deux valent mieux qu‘un

HORSCH a lancé en 2019 un nouveau pulvérisateur tandem d’un volume de 12 000 litres et d’une largeur de rampe allant jusqu’à 45 m. Theo Leeb, gérant de HORSCH LEEB Application Systems GmbH nous présente le produit en détail.

Les nouveaux pulvérisateurs ont permis à HORSCH d’augmenter considérablement le nombre d’unités produites ainsi que de gagner des parts de marché de manière significative. L’extension de la gamme a été importante avec la toute nouvelle génération d’automoteurs de pulvérisation présentée au dernier salon Agritechnica ainsi que le HORSCH Leeb 12 TD, un pulvérisateur tandem trainé.

terraHORSCH : Monsieur Leeb, pour quelle raison lancez-vous un pulvérisateur tandem sur le marché ?
Theo Leeb : Certes, le principe du pulvérisateur tandem trainé n’est pas tout nouveau. Certains de nos concurrents proposent ce genre de produit depuis près de 20 ans. C’est un  sujet récurrent avec une demande fluctuante. La grande capacité de la cuve permet d’augmenter le débit de chantier et de pallier aux problèmes logistiques causés par les grandes distances à parcourir sur certaines exploitations agricoles. Sur des parcelles planes ou des sols légers avec une bonne praticabilité même sur sol mouillé, le poids élevé de la machine ne représente pas de problème majeur. Cependant, ce système atteint rapidement ses limites en  terrain vallonné. Du coup la puissance des tracteurs n’est plus suffisante ce qui peut provoquer des voies de passages accidentées. Jusqu’à présent le problème était résolu, notamment par un essieu relevable ou le renforcement de la traction.

terraHORSCH : Et est-ce que ça fonctionne ?
Theo Leeb : Seulement en partie. La problématique est pourtant simple : les pulvérisateurs tandem disposent - pour des raisons de conception – d’un réservoir longiligne et fin. Lorsque la cuve n’est qu’à moitié remplie, la bouillie coule vers l’arrière en montée. Dans ce cas, le centre de gravité est déplacé et l’avant du pulvérisateur est soulagé. La charge d'appui est donc négative ce qui signifie moins de poids sur l’essieu arrière du tracteur, ce qui engendre un problème de traction. Pour cette raison, certaines roues de tracteurs devant le  pulvérisateur  sont lestées avec des masses. Cependant, ce procédé est contreproductif. Nous ne voulons pas démarrer le travail avec plus de poids que nécessaire. Avec un essieu relevable, la charge d’appui reste intacte, mais l’essieu arrière du tandem est chargé davantage – des ornières inutiles peuvent être la conséquence d’une charge élevée des essieux. Pour cette raison, les pulvérisateurs tandems restent plutôt un produit de niche.

terraHORSCH : Marché de niche que vous venez de pénétrer…
Theo Leeb : Nous y avons mûrement réfléchi. Les pulvérisateurs tandem sont surtout utilisés sur de grandes exploitations situées dans le nord et l’est de l’Allemagne. Dans l’est de l’Allemagne on trouve des pulvérisateurs trainés ou des automoteurs. A mon avis, l’équipement technologique des exploitations en est la raison. On trouve fréquemment un tracteur standard Belarus et un tracteur de tête articulé ou à chenille, mais il manque souvent le tracteur d’entretien avec une puissance de 250 à 300 Ch. Nous constations également que la thématique du personnel agricole est de plus en plus évoquée dans les exploitations d’Europe orientale. Ainsi, les grandes machines gagnent en importance dans le domaine de la pulvérisation. Le HORSCH Leeb 12 TD représente une bonne alternative au pulvérisateur automoteur. Ce dernier peut surtout déployer ses atouts quand un dégagement sous bâti important (jusqu’à 1,35 m) devient nécessaire, par exemple lors du traitement tardif du maïs ou des tournesols. Cependant, l’importance de la garde au sol est moindre pour la plupart des cultures ou périodes de végétation. Un attelage composé d’un tracteur moderne et d’un pulvérisateur trainé de gros volume représente une possibilité intéressante de traiter ses cultures efficacement. Même en ce qui concerne la vitesse de travail, le 12 TD tout comme les autres modèles de pulvérisateurs, n’ont rien à envier aux pulvérisateurs automoteurs, étant donné que nous y avons également intégré le BoomControl. Nous avons vu l’opportunité et décidé de nous lancer sur ce marché.

terraHORSCH : Malgré les problématiques abordées tout à l’heure ?
Theo Leeb
: Notre volonté était de résoudre le problème de la traction, voire la charge d’essieu. Nous avons réussi grâce à un système de double cuve. Sur un volume total de 12 000 litres, nous avons une répartition de 7 000 litres à l’avant et 5 000 litres à l’arrière. Les deux cuves sont reliées sur le dessus de manière à éviter les débordements lors du remplissage. Lors de la pulvérisation, les deux cuves se vident progressivement tour à tour de manière à ce qu’il reste toujours plus de bouillie à l’avant qu’à l’arrière. Grâce au système des deux cuves séparées, nous parvenons, par ailleurs, à éviter que trop de bouillie ne parvienne à l’arrière dans les montées. De cette manière, la charge d’appui reste suffisante pour garantir une traction efficace. En renonçant à un essieu relevable, la charge est toujours répartie de manière égale sur les quatre roues. Notre pulvérisateur tandem est donc toujours facile à tirer.

terraHORSCH : Mais qu’en est-il de la concentration de la bouillie dans les deux cuves. Est-elle toujours identique ?
Theo Leeb : Une concentration toujours homogène de la bouillie de pulvérisation est garantie ! Et même sans avoir recours à l’électronique ou des capteurs. Lors du remplissage nous utilisons des séparateurs d’eau / bouillie 7 : 5, de manière à garantir un remplissage exact des deux cuves en eau et en produits phytosanitaires. En plus, nous utilisons un système d'homogénéisation par agitation. Pour ce faire, la puissance de la pompe de 1 000 litres par minute nous vient en aide. L’agitation et le mélange deviennent particulièrement importants lorsqu’on travaille des micronutriments ou des préparations sous forme de poudre.

terraHORSCH : Lorsqu’il y a deux cuves, la surface est plus grande. Est-ce que cela a une incidence négative sur le nettoyage ?
Theo Leeb : Au contraire. Notre système de double cuve implique même une surface de nettoyage réelle plus petite. Les trémies traditionnelles de grand volume nécessitent des déflecteurs pour stabiliser la bouillie. En règle générale, il s’agit d’éléments en forme de zigzag qui sont montés en diagonale dans la cuve. Grâce à la répartition sur deux réservoirs plus petits, nous pouvons nous passer complètement de déflecteurs.

terraHORSCH : Quelles variantes du HORSCH Leeb 12 TD seront disponibles ?
Theo Leeb : Tout d’abord, nous allons proposer des cuves en inox et en polyéthylène. En ce qui concerne les techniques d’application, il n’y a pas de limites. Toutes les variantes de rampe de pulvérisation seront disponibles – à commencer par la rampe à 5 bras des automoteurs jusqu’à 7 bras des modèles trainés GS et LT. Les largeurs de rampe jusqu’à 45 m seront possibles. La coupure des buses existe en tronçons de 50 cm ou de 25 cm. Le système de pilotage BoomControl  qui permet le maintien d’une hauteur constante de pulvérisation à 30 centimètres de la cible est également disponible. Pour l’eau, nous proposons deux variantes : CCS Pro, l’ensemble du pulvérisateur est piloté de manière entièrement électronique par boîtier de commande externe ou de l’intérieur de la cabine aussi bien côté aspiration que côté pression. Le nettoyage intérieur se fait en continu. Nous proposons également un circuit de rinçage plus simple ECO CP avec une pompe centrifuge performante et un rinçage standard. Pour le système de direction, la variante est avec un essieu avant rigide plus un essieu suiveur passif ou deux essieux directeurs actifs.

terraHORSCH : Comment évaluez-vous le marché pour ce nouveau produit ?
Theo Leeb : Le HORSCH Leeb 12 TD représente le haut de gamme de notre palette de pulvérisateurs trainés. Les principaux marchés restent, selon moi, le nord et l’est de l’Allemagne ainsi que l’Europe orientale. Mais l’Amérique du Nord pourrait également devenir un marché intéressant, car en utilisant un tracteur avec la puissance nécessaire, il devient possible d’atteindre une vitesse de travail comparable à l’automoteur – avec un volume de cuve nettement plus grand. Nous pouvons certainement marquer des points auprès des exploitants qui parcourent de longues distances ou cultivent des espèces nécessitant des doses concentrées de traitement. Un point de différenciation unique et absolu est le diamètre maximal des pneus, qui est de 2,05 mètres. Les différences de prix seront principalement dues au matériau de la cuve. Notre objectif est que la variante en polyéthylène soit légèrement supérieure à un 8 GS avec une cuve en acier inoxydable.

terraHORSCH : Quand est-ce que le pulvérisateur tandem sera disponible pour les clients ?
Theo Leeb
: Un prototype existe déjà, un deuxième est en cours de fabrication. Au printemps, nous serons prêts à lancer cinq modèles en présérie qui seront livrables au début du mois d’août 2020.