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Travail du sol superficiel – Tour d’horizon des solutions

Lutte contre les adventices, répartition et mélange des pailles pour stimuler leur décomposition, broyage des résidus de récolte, conservation de l’humidité, optimisation des faux-semis (germination des graines d’adventice et des repousses) – le travail du sol superficiel sert des objectifs multiples.

terraHORSCH: Les techniques de travail du sol superficiel développées par HORSCH ont connu d’importants changements au fil du temps. Quelles ont été les raisons principales de ces évolutions ?
Philipp Horsch:
Depuis 15 ans, notre gamme d’outils de travail du sol, des déchaumeurs à dents aux outils de préparation plus superficielle, se concentre sur des déchaumeurs lourds, à l’instar du Tiger XL, du Cruiser et du déchaumeur à disques Joker.
Il était impératif d’élargir notre gamme de produits pour répondre à de nouveaux enjeux : la lutte contre les adventices – du fait des limitations liées à l’utilisation du glyphosate – le travail avec ou sans packer, les outils jusqu’à 12 m de largeur en version portée ou semi-portée, à quatre ou six rangées. Le travail du sol encore plus superficiel et le broyage des résidus de récolte après la moisson, tout comme la préparation optimale du lit de semences pour les exploitations travaillant dans des conditions culturales plus étendues (semis direct) constituaient aussi un défi. Grâce à un développement itératif, les familles d’outils Cultro et Finer complètent aujourd’hui parfaitement notre offre.

terraHORSCH: Rentrons dans le vif du sujet en commençant par l’outil conçu pour un travail ultra-superficiel. Quels sont les atouts du Cultro TC ?
Daniel Halbmann:
Le Cultro TC se compose d’un double rouleau couteaux équipé d’une herse ou d’un packer. De tous les outils de notre gamme, c’est le spécialiste pour broyer les résidus de récolte, tels que les chaumes de colza, de tournesol ou de maïs et les couverts. Positionnés en X, les couteaux ont une capacité maximale de broyage. Au travail, la totalité du poids du châssis repose sur les rouleaux couteaux. Grâce à des vitesses de travail allant jusqu’à 20 km/h et à sa largeur, le Cultro atteint des débits de chantier élevés pour une faible demande de puissance. Plus la vitesse est élevée, plus le résultat obtenu s’avère de qualité.
Le Cultro TC est ainsi très performant pour broyer les résidus organiques. Il met les graines de la récolte précédente et celles d’adventice au contact de la terre pour favoriser leur germination. Combiné avec la herse lourde, le Cultro contribue également à une répartition longitudinale et transversale parfaite des résidus de récolte. Cela s’explique par la capacité du rouleau couteaux à soulever les pailles et les résidus pour mieux les extirper des chaumes. A contrario, une herse nue, sans rouleau couteaux préalable, doit d’abord se frayer un chemin dans le lit de paille, sur les premières rangées, avant que les dernières puissent déplacer le tout.
Par ailleurs, le Cultro affiche de très belles performances pour la préparation d’un semis avec l’Avatar. Il réalise une couche de mulch ultra superficielle d’environ 1 à 3 cm. Il rompt la capillarité. Il stimule le processus de décomposition des pailles et la germination des graines. Cette technique permet ensuite de semer en préservant la réserve en eau, quasiment « en direct » avec l’Avatar, sur un horizon stable et hydrophile en-dessous de la couche de mulch – technique parfaitement adaptée dans les régions particulièrement sèches. 

terraHORSCH: Qu’en est-il lorsqu’on souhaite travailler le sol sur toute la surface à plus de 2 cm de profondeur ?  
Daniel Halbmann:
Le Cultro n’est adapté ni pour un travail profond sur la totalité de la surface, ni pour le désherbage mécanique. Le Cultro TC est équipé de couteaux qui travaillent de manière ponctuelle, en blessant ou en coupant les tiges. En raison de sa force de frappe, cet outil a montré des effets destructeurs sur les repousses, mais pas sur la totalité de la surface. D’autres machines sont plus adaptées pour éliminer l’ensemble des repousses.      

terraHORSCH: Dans quels cas de figure le Cruiser est-il particulièrement adapté?
Philipp Horsch:
Grâce à une profondeur de travail pouvant aller jusqu’à 15 cm, le Cruiser se positionne en expert du déchaumage. C’est un outil idéal en post récolte. Le Cruiser garantit un nivellement parfait. Il en résulte un horizon aplani et une répartition parfaite des résidus de récolte – une préparation idéale pour tous les chantiers successifs jusqu’au semis. Le Cruiser peut également être utilisé pour la préparation du lit de semences ou pour le désherbage mécanique, à l’instar d’un déchaumeur de précision, sans oublier la reprise de labour au printemps. 

Daniel Halbmann: Différentes versions du Cruiser existent : le Cruiser SL équipé de quatre rangées de dents et le Cruiser XL en version semi-portée avec six rangées de dents. Le Cruiser SL, plus léger grâce à sa conception en quatre rangées, est adapté à l’attelage 3 points. C’est une alternative compacte et très simple d’utilisation pour le déchaumage classique et superficiel, et la préparation du lit de semences. La construction en quatre rangées de dents engendre évidemment quelques limitations pour le passage des pailles lors de la première passe de déchaumage – cela nécessite une coupe très propre à la moisson.
Le Cruiser équipé de six rangées de dents excelle dans le mélange, la répartition et surtout le nivellement lors d’un premier passage, en particulier si l’on souhaite réaliser le chantier de déchaumage après la récolte avec un seul et même outil. La garde au sol de 700 mm garantit un flux de grandes quantités de résidus de récolte. La conception en six rangées de dents fait du Cruiser un réel expert du nivellement.

Selon moi, tout chantier de déchaumage doit résolument intégrer une phase de consolidation. Cela nécessite un rouleau adapté pour stimuler la germination des résidus de récolte. Sur ce point, nous proposons également une gamme optimale de rouleaux, aussi bien pour une consolidation profonde que superficielle du sol. Le choix du rouleau dépend toujours du type de sol.
La gamme de socs disponibles pour équiper le Cruiser a été conçue pour optimiser la répartition des chaumes. Il existe quatre variantes de socs :

  • Soc carbure étroit de 5 cm pour une profondeur de travail jusqu’à 15 cm – idéal pour la préparation du lit de semence et la reprise des sols au printemps.   
  • Soc carbure étroit de 8 cm pour une profondeur de travail jusqu’à 10 cm – particulièrement adapté au déchaumage, à la répartition et au mélange des chaumes.
  • Soc carbure étroit de 10 cm pour une profondeur maximale de travail de 10 cm - destiné au déchaumage et à la préparation du lit de semences sur sols très légers. Il répartit parfaitement les chaumes et mélange la matière organique.
  • Soc patte d’oie carbure idéal pour le désherbage mécanique avec une découpe de toute la surface, pour une profondeur de travail à partir de 2 cm.

terraHORSCH : Quelles sont les différences entre SL et XL ?
Daniel Halbmann : Si l'on veut scalper à plat toute la surface, le Cruiser XL a un bâti trop long. Il faut alors un appareil plus court, qui soit guidé avec précision en profondeur à l'avant et à l'arrière. Grâce à son châssis plus court, le Cruiser SL y parvient mieux que le XL. Son packer, qui équipe de série les Cruiser pour guider en profondeur l’outil ainsi que la longueur du bâti limitent toutefois le Cruiser SL dans le domaine du désherbage mécanique. C'est là que le Finer SL a sa carte à jouer.

terraHORSCH: Doit-on comprendre que le Finer SL est l’expert en matière de désherbage mécanique ?
Daniel Halbmann:
Absolument. Le Finer SL est l’outil idéal pour le désherbage mécanique – c’est pour cela qu’il a été conçu. Il se distingue par sa conception robuste, grâce aux quatre rangées de dents ordonnancées de manière compacte, et par un guidage précis de la profondeur de travail à l’avant comme à l’arrière du châssis. Il est également possible de travailler sans rouleau. Il dispose par ailleurs d’une herse à deux rangées, équipée d’un réglage hydraulique de la profondeur. Cela permet d’adapter son agressivité. On peut ainsi régler la herse en fonction du volume de chaumes présent, sans avoir besoin de descendre du tracteur pour effectuer les réglages avant de repartir.
Les dents permettent de travailler même dans les conditions les plus difficiles pour un scalpage de toute la surface. Grâce aux dents à double ressort, spécialement conçues pour les conditions difficiles et les sols lourds, l’effort à la pointe est dédoublé. Cet équipement rompt la résistance du sol et garantitun scalpage homogène.  

terraHORSCH: Quels sont ses autres atouts ?
Daniel Halbmann:
Au printemps, cet outil porté léger est particulièrement adapté à la préparation des parcelles ou à la destruction des couverts gelifs. Ce type d’utilisation vise encore une fois à découper toute la surface en substitution du glyphosate.
Le Finer SL permet en outre de semer des couverts ou encore du colza et des céréales dans des conditions très humides grâce au kit de dents semeuses. Le Finer est un outil tout à fait adapté à l’ensemble des chantiers annuels de travail du sol.
Lorsque le Finer SL est configuré avec un rouleau, on peut aussi l’utiliser en préparation du lit de semences. Il garantit une bonne consolidation de l’horizon de germination. 

terraHORSCH: Quels sont les limites d’utilisation du Finer SL?
Daniel Halbmann:
La conception compacte du Finer limite le passage des résidus de récolte. Un déchaumage est donc possible uniquement si les pailles ont été exportées au préalable ou si les résidus de récolte sont peu importants. 
Si le but est de simplifier le chantier de déchaumage, le Finer n’est pas l’outil adapté car il nécessite un certain nombre de compromis. Il faut être particulièrement vigilant à la répartition initiale des chaumes sur la parcelle, la quantité de résidus au sol, notamment pour les céréales à paille, etc… Si de telles considérations préalables sont nécessaires, le chantier devient vite complexe. Le déchaumage doit être avant tout un chantier simple et sûr, c’est le prérequis pour garantir la qualité du semis et toute récolte.   
Philipp Horsch: Si l’on considère avant tout la simplicité, il faut s’orienter sur la gamme Joker. Les déchaumeurs à disques restent encore aujourd’hui les outils majoritairement utilisés dans le monde pour le déchaumage superficiel. 

terraHORSCH:Quelles sont les conditions d’utilisation idéales du Joker?
Daniel Halbmann:
Le Joker permet de réaliser tout chantier de déchaumage, peu importe les conditions, ou presque. La quantité effective de résidus de récolte, ou encore la hauteur du couvert, importent peu. Ce sont des outils rotatifs avec un dégagement suffisant. Au besoin, le Joker peut toujours broyer et mélanger les résidus de récolte présents. Ce qui distingue un déchaumeur à disques des autres outils tient à sa capacité à travailler de manière très superficielle, tout en garantissant un mélange intensif. Il atteint néanmoins ses limites en ce qui concerne la dispersion longitudinale et transversale des résidus organiques. La découpe de la totalité de la surface peut également poser problème. En déchaumage, la profondeur de travail est généralement de 4 à 6 cm. Avec un déchaumeur à disques, un travail de la totalité de la surface nécessite une profondeur de travail d’au moins 8 cm. Il est malgré tout nécessaire de vérifier le résultat obtenu sur la totalité de la parcelle.
Dans le cas d’un premier déchaumage, le réel atout réside dans la possibilité de travailler de manière superficielle, tout en garantissant un mélange intensif pour stimuler la décomposition des chaumes au contact du sol. Le Joker crée par ailleurs un environnement particulièrement propice à la germination des résidus de récolte. La vitesse de travail est très élevée. Le Joker demande une puissance relativement faible comparé à un déchaumeur à dents. Il consomme donc peu de diesel par hectare.
Il est plutôt rare de devoir faire face à des adventices dans la phase de déchaumage car les champs cultivés en agriculture conventionnelle sont généralement propres.
La phase de scalpage sur toute la surface n’intervient alors qu’au deuxième ou troisième passage. Le Joker permet un broyage très efficace. Il faut cependant veiller à la qualité de la dispersion des chaumes. A contrario, il faudra prévoir d’intégrer un passage préalable pour répartir les pailles et niveler la parcelle. 
Le Joker est par ailleurs équipé de paliers robustes de grande dimension ne nécessitant aucun entretien et bénéficiant d’une durée de vie exceptionnelle.
Le Joker est toujours combiné à un rouleau pour un ré-appui efficace du sol et des conditions de germination améliorées. De ce point de vue, le Joker tend à se rapprocher du Cruiser. Seule différence : le Cruiser optimise la répartition des pailles en un seul passage, tandis que le Joker se positionne avant tout comme une solution de déchaumage simple, rapide et économique. 

terraHORSCH: Venons-en au soc TerraCut. Dans quels cas faut-il l’utiliser ?
Daniel Halbmann:
Le soc TerraCut a été conçu pour notre gamme de déchaumeurs équipés des dents TerraGrip. Ce soc est utilisé pour le scalpage superficiel, c’est-à-dire un travail compris entre 2 et 6 cm. Il garantit une découpe efficace du sol à cette profondeur.
Ce soc n’a pas été conçu en premier lieu pour le déchaumage mais pour le désherbage mécanique. Il est utilisable sur tous les étançons HORSCH TerraGrip . Cette dernière n’occasionne pas de mouvements latéraux ; elle s’escamote uniquement en cas de surcharge (pierres, etc…).Elle se caractérise par sa puissance élevée et sa stabilité. La TerraGrip permet à nos clients d’effectuer une découpe de toute la surface en conditions difficiles et dures, comme dans des trèfles – le tout en un seul passage. Elle détruit la totalité d’une culture solidement enracinée.
Le soc TerraCut est idéal dans le cas où l’acquisition complémentaire d’un Finer n’est pas envisageable et qu’il s’agit, malgré tout, de travailler sur la totalité de la surface à un horizon superficiel. Pour les clients ne souhaitant pas acheter d’outil spécialisé, c’est l’équipement idéal à combiner au déchaumeur à dents. Celui-ci peut alors conjuguer travail du sol profond et travail du sol superficiel.

terraHORSCH: Comment puis-je, en tant qu’agriculteur, déterminer mes besoins principaux et opter pour l’outil le mieux adapté?
Philipp Horsch:
Toute réflexion d’achat nécessite au préalable une phase de discussion avec nos concessionnaires ou nos équipes pour clarifier les besoins et définir la solution adéquate.
Daniel Halbmann: C’est tout à fait cela. Nous proposons quatre outils différents pour le travail du sol superficiel, plus la variante permettant d’équiper tout déchaumeur à dents du soc TerraCut. Il n’est pas possible de trouver un unique outil adapté à toutes les situations car les conditions sont très variées et différentes en agriculture, de la même manière que les besoins et les objectifs des agriculteurs sont multiples. Cela dépend toujours du type de travail et de l’objectif visé. À partir de là, il s’agit d’opter pour le déchaumeur qui pourra s’adapter aux conditions préexistantes et saura répondre le plus efficacement possible aux objectifs fixés. Pour rationaliser plusieurs opérations, il faut faire des compromis : certains sont envisageables sans pour autant nuire à l’activité.
Philipp Horsch: Nous sommes particulièrement confiants en ce qui concerne l’équilibre et la pertinence de notre offre actuelle de produits destinés au travail superficiel du sol. Nous entendons ainsi accompagner les agriculteurs de manière durable pour faire face aux défis agronomiques actuels.