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La culture du pois : l’homme et la machine constamment à l’œuvre

On récolte ce que l’on sème. Un dicton on ne peut plus approprié pour cette exploitation finlandaise, spécialisée dans la culture de petits pois. Pour assurer en continu la fourniture de marchandise fraîchement récoltée à la main, les semis ont lieu presque tous les deux jours. Un mode d'exploitation qui demande une expérience certaine.

On récolte ce que l’on sème. Un dicton on ne peut plus approprié pour cette exploitation finlandaise, spécialisée dans la culture de petits pois. Pour assurer en continu la fourniture de marchandise fraîchement récoltée à la main, les semis ont lieu presque tous les deux jours. Un mode d'exploitation qui demande une expérience certaine.

Vesa Tammilehto tient une exploitation à Jokela, au cœur d'une région agricole du sud de la Finlande. En 1985, ses parents ont commencé à y cultiver des pois, d'abord sur quelques hectares seulement comme la culture des céréales y est alors prioritaire. Chaque année, la surface consacrée aux pois augmente. Le tournant se produit il y a environ 15 ans. À l'époque, on cultive entre 300 et 400 hectares de céréales et 150 hectares de pois. Face à la baisse du prix des céréales, les pois s’avèrent une culture avec un bon potentiel de vente. « Nous avons décidé d’abandonner les céréales pour nous focaliser sur les pois », raconte Vesa Tammilehto. Entre- temps, il reprend l'exploitation de ses parents, qui demeurent impliqués dans les travaux, au même titre que son épouse. Actuellement, Vesa cultivent 400 hectares de pois. 

Jusqu'à 150 saisonniers

La récolte a lieu principalement entre mi-juin et début septembre. Dès que les pois sont mûrs, ils sont récoltés à la main et livrés aux clients. La récolte se fait au plus juste des besoins. Jusqu'à 150 personnes travaillent sur l'exploitation pendant la saison pour assurer cette tâche. L’exploitation cultive deux variétés principales de pois répondant aux goûts des clients. Vesa mise aussi sur la diversité : « Cette année, nous avons cultivé sept variétés différentes. Notre objectif est de prolonger la saison tout en continuant à améliorer la qualité. Les variétés que nous récoltons en basse saison sont en général un peu plus petites, ce qui n’est pas toujours en phase avec les goûts des clients, qui préfèrent les plus grosses. Nous essayons donc de trouver des variétés appropriées pour la basse saison ». Le niveau de rendement est très hétérogène. En règle générale, on peut récolter jusqu'à 35 quintaux par hectare. Pour autant, ce n’est pas une science exacte : « Nous ne récoltons que ce que nous vendons. Si la qualité ne correspond pas à nos exigences, nous ne récoltons pas les pois. Si toutes les cultures mûrissent en même temps et que nous n'avons pas assez de personnel ou de commandes, nous ne récoltons pas non plus ».

La localisation de l’exploitation est un atout de taille pour la commercialisation : « Nous vivons à 15 km d'Helsinki. Notre région est la plus peuplée du pays. En conséquence, les distances de livraison sont réduites. Nous pouvons donc offrir un service rapide et de qualité. Si la demande augmente, nous avons la réactivité pour y répondre et livrer de la marchandise fraîche ». Les pois sont vendus en direct et sur les marchés de toute la province, y compris à Tampere, qui se trouve à environ 150 km. L’exploitation y travaille avec un négociant qui distribue les petits pois dans tout le pays. La saison de vente ne dure qu'environ trois mois, ce qui nécessite une logistique hors pair. « Nous louons des véhicules pour cette période. Il n’y a pas intérêt à subir de panne car nous devons livrer la marchandise fraîche », explique Vesa. Environ 200 à 300 kg de petits pois sont vendus en moyenne par jour et par point de vente – le volume peut atteindre jusqu'à une tonne pour les plus gros clients. Le prix au consommateur final varie fortement : il faut compter 7 à 8€ /kg en moyenne.

L’Avatar ne chôme pas

Au début de la saison des semis, le temps est généralement assez humide. « Nous essayons d’exploiter les fenêtres de semis au maximum pour implanter la totalité des variétés. Cela représente environ 100 à 150 ha. Nous couvrons ensuite certaines variétés d'un non-tissé pour les protéger ». Lorsque la première variété est mûre, les saisonniers doivent être présents en nombre. Les gousses sont comparativement plus petites et donc plus difficiles à récolter. « Pour nous, l’efficacité prime. Pour autant, je ne peux pas embaucher 20 personnes de plus dès les premières semaines. Il faut prendre les bonnes décisions pour tirer le meilleur profit de la récolte », explique Vesa Tammilehto. Afin d’assurer des livraisons quotidiennes, environ 10 hectares sont semés tous les deux jours pendant la haute saison. Soit la juste quantité pouvant être récoltée et vendue! Pour répondre aux multiples exigences de son exploitation, Vesa Tammilehto mise sur un semoir fiable pour travailler au mieux dans différentes conditions. Depuis cette saison, il sème avec l’Avatar SL en combinaison avec la trémie frontale Partner FT. « J'ai vu la machine l'année dernière à l'Agritechnica et j'ai été immédiatement convaincu ». Une des premières machines de ce modèle a été livrée sur son exploitation. « Le semoir remplit toutes mes exigences. L’élément semeur m’a convaincu. Il est équipé d’une roulette de fermeture qui rappuie la semence dans le sillon, un atout en conditions sèches. Il permet aussi d’appliquer une pression de terrage élevée ».

La réussite des semis est intimement dépendante de conditions météorologiques hétérogènes et du type de sol : un défi de taille pour les technologies de semis. « Nous devons jouer avec des conditions extrêmement variables au cours de la saison. On passe de conditions difficiles et humides à des phases de sécheresse. L’objectif est donc de disposer d’une technologie de semis fiable et capable d’assurer de bonnes levées dans toutes les conditions. L'Avatar répond exactement à ces exigences. Sa conception compacte et le dételage rapide sont des atouts supplémentaires. Je ne souhaitais pas d'une machine traînée car l’ensemble aurait été trop long et la capacité de trémie est trop volumineuse par rapport à mes besoins ». La trémie frontale avec double cuve lui permet d’appliquer simultanément l'engrais et les semences - un facteur important pour gagner en efficacité.

La météo est un facteur décisif pour les semis. « Si le début de la saison est humide, nous devons veiller à ne pas trop compacter le sol, car cela nuirait à la croissance des pois », explique Vesa. Auparavant, il n’était pas rare de subir de fortes pluies après les premiers semis, mais ces trois dernières années, les conditions étaient plutôt sèches. « Nous devons faire preuve d’agilité face aux conditions météorologiques. Pour trouver le bon équilibre, c’est parfois un jeu de hasard. En céréales, la norme est de semer en conditions optimales. Pour les pois, ce n'est pas le cas. Nous devons semer quand les conditions sont globalement favorables. Heureusement, nous disposons d’outils performants qui nous permettent de relever tous les défis que notre Terre nous apporte ».

Les premières parcelles sont récoltées fin juin. Une culture intermédiaire, comme la moutarde, est semée afin de couvrir le sol jusqu'au prochain semis de pois. La destruction et l’incorporation de ce couvert sont réalisées ensuite à l’aide d’un déchaumeur à disques.  Au printemps, le lit de semences est ensuite préparé avec une herse rotative en vue du semis de pois.

Les pois : une culture exclusive 

Vesa Tammilehto cultive exclusivement des pois sur son exploitation ; les terres ne lui appartiennent pas. « Nous signons des contrats de fermage sur une durée de trois ans en général et nous changeons ensuite de parcelles », explique-t-il. « Lorsque l'exploitation s'est développée et que les besoins en terres agricoles ont augmenté, il n'a pas été facile d'en trouver en raison de la forte demande déjà présente chez les nombreux céréaliers de la région. Cela fait grimper le prix des baux. Sur les trois ans, nous cultivons exclusivement des pois. Il serait préférable de changer de terres chaque année. Cela impliquerait de renouveler 400 ha par an, ce qui est tout simplement impossible. Actuellement, nous renouvelons 100 à 150 ha chaque année. D’un point de vue géographique, ces terres se situent dans un rayon de 10 km autour de notre exploitation, ce qui est une chance. Certaines se trouvent cependant à 70 ou 90 km, ce qui nécessite une logistique efficace », raconte l'agriculteur. Son souci actuel est de coordonner et optimiser l'utilisation des tracteurs et des machines pour les différents travaux. « Trouver des terres en quantité suffisante représente le défi de chaque année. Il y a dix ans, nous n’avions pas le choix et prenions tout ce qui se présentait. Au cours des cinq dernières années, la situation s'est quelque peu améliorée. Nous avons réussi à louer  jusqu’à 50 à 70 ha au même agriculteur ». L'état des parcelles reste toujours une surprise : « On ne sait jamais comment les champs ont été travaillés auparavant. Nous avons déjà vu beaucoup de choses ».

Et demain?

Malgré les défis nombreux, l’avenir de l’exploitation est déjà tracé. « J'ai beaucoup réfléchi à ce que nous pourrions faire dans les prochaines années », dit Vesa Tammilehto. « Supposons que je récolte 50 kilos de plus par hectare, cela peut faire un tonnage conséquent sur l'ensemble de la saison. Nous devons donc trouver des moyens d'améliorer le rendement. Mais c'est difficile, car chaque saison est différente. Actuellement, nous venons de vivre une saison très difficile avec des problématiques importantes au semis en raison de la météo. Si nous parvenons à augmenter le rendement, nous devrons réduire notre surface. Cela permettra d'investir ailleurs. Pour autant, nous ne pouvons pas changer toute notre stratégie sur un coup de tête, car nous devons assurer un certain niveau de production pour livrer nos clients. Nous devons également prendre en compte la hausse des coûts des intrants et la suppression des subventions. La bonne gestion de l’exploitation est donc vitale ». Dans ces prises de décision souvent délicates, entre sécurité et désir changement, Vesa Tammilehto peut compter sur son expérience pour mener à bien l’avenir de son exploitation.