Un système de production centré sur la pomme de terre
Après avoir terminé leurs études agricoles, Irena et Andrzej Paszota cherchaient un emploi provisoire et sont tombés in fine sur l’opportunité de leur vie. Ils avaient 28 ans et n'étaient pas vraiment conscients des enjeux et des risques en se lançant dans la gestion d’une exploitation en fermage de 500 hectares.
![La distillerie agricole Podole Wielkie [Translate to französisch:] terraHORSCH 27-2023: Dans la distillerie agricole Podole Wielkie, l'alcool brut est produit à partir de pommes de terre. Chaque année, environ 20 000 tonnes de pommes de terre sont ainsi transformées.](/fileadmin/_processed_/6/a/csm_35-37_4_BEAR_a7e1ff10f5.jpg)
Cela n'a pas été facile, mais leur persévérance a porté ses fruits. Trente ans plus tard, ils cultivent 1 000 hectares et ont établi trois filières, toutes liées à la pomme de terre. "Nous sommes vraiment partis de zéro. L'exploitation que nous avions reprise était dans un état catastrophique et d'énormes investissements étaient nécessaires. La première année, nous avons connu une grande sécheresse et nous avons eu du mal à nous remettre sur pied. Les années suivantes ont également été difficiles. Ce n'est qu'après avoir signé un contrat avec le fabricant de chips Farm Frites Poland en 1997 que nous avons pu mettre en place et développer l'entreprise de manière conséquente. Le succès a été tel que nous avons pu racheter notre exploitation à crédit en 2003", se souvient Andrzej Paszota.

La pomme de terre comme culture principale
L'exploitation est située sur un ancien site dédié à la sélection végétale, principalement de pommes de terre, à Podole Wielkie, dans le district de Poméranie, à seulement 20 km environ de la côte de la mer Baltique. L'ancienne distillerie, construite durant la seconde moitié du 19e siècle, donne à la ferme un charme nostalgique. Grâce à l'engagement d'Irena et d'Andrzej Paszota, elle est toujours en activité aujourd'hui. Depuis quelques années, elle est principalement gérée par sa belle-fille Paulina et son fils Michał, qui produisent leur propre marque d’aquavit et de vodkas raffinées de manière artisanale.
À Podole Wielkie, 250 ha de pommes de terre sont cultivés, 400 ha de céréales et 150 ha de colza. Le reste des terres est constitué de prairies. L'assolement est clair : les pommes de terre sont suivies de céréales, puis de colza et à nouveau de céréales. Le cycle recommence alors par les pommes de terre. Des variétés précoces de blé d'hiver sont cultivées afin que la culture intermédiaire qui suit puisse développer le plus de biomasse possible avant le labour d'hiver pour les pommes de terre. En céréales, la culture principale est le blé. Le seigle et l'orge, livrés en partie à la distillerie de l'entreprise, occupent une petite partie de l’assolement.
L'entreprise Paszota est désormais bien établie en tant que producteur de pommes de terre à frites, à chips et de consommation. Une partie est destinée à l'usine de Farm Frites Poland, une autre à la distillerie et une dernière à la consommation. Depuis 2020, l'entreprise fait partie du groupe Polski Ziemniak (en français : pomme de terre polonaise), qui comprend plus d'une douzaine d'agriculteurs locaux. Ils fournissent les pommes de terre que l'entreprise emballe et distribue ensuite. Cette branche d'exploitation est encore en cours de développement. Il est prévu de vendre 100 000 tonnes de pommes de terre de consommation par an. Les pommes de terre sont à la base des trois branches de l'entreprise : l'agriculture, la distillerie et l'entreprise commerciale.

Renouvellement du parc de machines
Le contrat signé en 1993 incluait également l’utilisation du matériel existant. Il s'agissait toutefois de tracteurs et de machines datant de la République populaire de Pologne (PGR) et qui n'étaient pas vraiment adaptés à une exploitation moderne et rentable. C'est pourquoi ils ont été peu à peu remplacés par des machines modernes, principalement de fabrication occidentale. Les surfaces destinées aux pommes de terre sont labourées car, selon Andrzej Paszota, il n'y a pas d'autre moyen de préparer le sol pour cette culture.

"J'étais depuis longtemps à la recherche d'un semoir pour céréales et colza qui puisse être utilisé en conditions humides. Dans notre exploitation, c'est un défi récurrent : la recherche d'un compromis entre le semis au bon moment d'un point de vue agronomique et l'humidité optimale du sol. Après la récolte des pommes de terre, le champ est souvent littéralement dévasté. Il arrive donc que certaines zones de la parcelle soient encore très humides au moment du semis. Tous les semoirs ne peuvent pas travailler dans de telles conditions. C'est pourquoi j'ai opté pour le Pronto 4 DC de HORSCH. Je l'utilise depuis huit ans et plus de 3 400 ha ont déjà été semés avec cette machine. Pour pouvoir travailler dans des sols extrêmement humides, nous avons enlevé les languettes de ré-appui entre les disques des éléments semeurs. Cela s'est avéré une excellente solution", explique Andrzej Paszota.
L'agriculture de précision, du semis à la protection des cultures
Irena et Andrzej Paszota modulent les apports d’azote grâce à l'indice NDVI (Indice de végétation par différence normalisée), issu d'images satellites. "Nous avons décidé de ne pas réduire la quantité totale d'engrais, mais de la répartir sur la base du potentiel de rendement des plantes selon les différentes zones du champ. Les doses varient de 120 à 270 kg d'azote sur des sols hétérogènes", explique Andrzej Paszota.
Dans les années à venir, d'autres solutions d'agriculture de précision seront introduites sur l'exploitation. L’objectif est de commencer par une modulation du semis via des cartes de potentiel de rendement. Andrzej Paszota envisage d'acheter un semoir HORSCH Focus qui permet également de localiser des engrais minéraux sur la base de cartes d'application. Le phosphate d'ammonium est ainsi dosé en fonction de la teneur en phosphore du sol. "Une autre économie importante résulte, à mon avis, de l'utilisation variable de produits phytosanitaires, surtout de fongicides et de régulateurs de croissance. La pulvérisation traditionnelle applique parfois des quantités de produit trop importantes aux plantes qui n'en ont pas besoin (notamment celles qui poussent dans des zones du champ à faible potentiel), tandis que les endroits les plus rentables reçoivent souvent une dose trop faible. Le traitement basé sur la carte du potentiel de rendement résout ce problème", explique Andrzej Paszota.
Une rampe sensationnelle
À Podole Wielkie, un pulvérisateur traîné HORSCH Leeb 5 LT est utilisé depuis cinq ans. "La stabilité de la rampe de la machine est sensationnelle. Son guidage à faible hauteur au-dessus des plantes assure une grande précision. Malgré les 36 m de largeur de travail, la hauteur au-dessus du sol ou de la culture reste constante. Aucun pulvérisateur d’autres fabricants fonctionnant chez nos voisins ne peut rivaliser", déclare Andrzej Paszota.

Il veut introduire la pulvérisation en bandes sur les pommes de terre. Il souhaitait dans un premier temps que les buses soient placées sur la rampe tous les 22,5 cm, ce qui convient à l'espacement des buttes de 90 cm. Mais Paweł Miś, spécialiste produits chez HORSCH Polska, lui a recommandé un système dans lequel une rangée de plantes est pulvérisée par deux buses disposées selon le bon angle, avec des portes-buses spécialement conçus à cet effet. "Cette solution est particulièrement intéressante pour les exploitations spécialisées en pommes de terre, les deux buses étant orientées en direction de la butte. Le pulvérisateur HORSCH Leeb 5 LT que nous utilisons peut être équipé ultérieurement de cette solution. Ils n’ont donc pas besoin d'acheter un nouveau pulvérisateur", explique Paweł Miś.
Andrzej Paszota apprécie de pouvoir travailler avec le pulvérisateur HORSCH Leeb dans des conditions extrêmes, lorsqu’il y a de l'eau entre les buttes de pommes de terre. "Les grandes roues du pulvérisateur peuvent même travailler dans la boue", explique Andrzej Paszota. C'est certes un compromis sur le plan agronomique, mais l'agriculteur estime qu'il est préférable d'endommager localement la structure du sol plutôt que de laisser des agents pathogènes détruire tous les plants de pommes de terre.
"Mon prochain pulvérisateur devrait adapter la quantité de produit à la taille des plantes. La dose par unité de biomasse sera alors constante. Pour cela, il faut un logiciel adapté et un système qui permette de faire varier la quantité de liquide sortant de la buse dans une très large plage. Il existe déjà sur le marché des machines équipées d'un système de modulation d'impulsion", explique Andrzej Paszota. Paweł Miś ajoute : "HORSCH dispose d'un tel système, le PrecisionSpray, qui intègre un système de modulation d'impulsion PWM dans le logiciel du pulvérisateur, tout en conservant l'interface bien connue des utilisateurs de pulvérisateurs HORSCH Leeb".

La distillerie, un bijou
Lors de la visite de l'exploitation agricole de Podole Wielkie, le bâtiment historique de la distillerie attire immédiatement l’attention. On y produit de l'alcool brut à 91-92 %. Il est principalement obtenu à partir de pommes de terre et vendu aux fabricants de vodka. La production annuelle est d'environ 2 millions de litres, ce qui nécessite près de 20 000 tonnes de pommes de terre. C'est la plus grande distillerie de Pologne à produire de l'alcool de pomme de terre.

La distillerie est gérée par Paulina et Michał Paszota. Ils ne se limitent pas à la distillation agricole, mais produisent également des spiritueux artisanaux uniques depuis 2015 : de l’eau-de-vie et de la vodka. Elles sont produites dans le même bâtiment, mais leur processus de fabrication est purement artisanal. Chaque millésime a son propre visage : sur l'étiquette figure toujours le portrait d'un ancien ou d'un actuel collaborateur de la distillerie. Certains spiritueux sont stockés dans des fûts, ce qui leur confère des arômes uniques après un vieillissement d'au moins trois ans. Les spiritueux de la distillerie de Podole Wielkie ont déjà remporté des dizaines de médailles lors de concours polonais et étrangers. Ils sont élaborés selon la devise "du champ à la bouteille", c'est-à-dire exclusivement à partir de produits récoltés dans les champs de l'exploitation.

Mais pourquoi la distillerie de Podole Wielkie n'a-t-elle pas partagé le sort de nombreuses autres distilleries en Pologne qui ont fait faillite ? "J'ai décidé d'utiliser la paille comme combustible pour assurer la rentabilité de la distillerie. Nous collectons toute notre paille et nous en achetons en plus aux agriculteurs locaux. Nous réutilisons ensuite la drêche et les cendres issues de la combustion dans nos champs", explique Andrzej Paszota.
Irena et Andrzej Paszota, ainsi que Paulina et Michał Paszota, ne considèrent pas leur entreprise comme une simple entreprise familiale. Ils partagent une vision commune d'une entreprise moderne, où les affaires ne sont pas les seules préoccupations. C'est - au propre comme au figuré - leur maison commune, dans laquelle ils veulent vivre en harmonie avec la nature. Les projets déjà mentionnés d'investir dans l'agriculture de précision vont dans ce sens. Une autre idée est la construction d'une installation de biogaz qui fonctionnerait principalement avec de la drêche. Les plans sont prêts. L'autorisation de raccordement au réseau électrique est en attente.
